Le Requiem de Fauré est peut-être encore mieux perçu en Suisse romande que dans le reste du monde comme le chef-d’œuvre incomparable qu’il est. Ceci parce que le regretté Michel Corboz, auquel tant d’entre-nous doivent leur amour de la musique chorale, le portait dans son cœur plus qu’aucune autre, et nous en avait légué au tout début de son immense carrière une interprétation qui reste inégalée et continue à interpeller par sa profondeur et sa puissance. C’est l’esprit de ce Requiem-ci que nous avons rêvé de confronter aux Offices pour les morts de Tomas Victoria, le plus grand polyphoniste espagnol, qui les avait composés pour les funérailles de l’impératrice Marie. L’œuvre, sublime et déchirante, véritable Requiem elle aussi, marque autant le crépuscule du Siècle d’or espagnol que celui de la polyphonie de la Renaissance.

C’est encore une fois à la témérité et à l’ouverture d’esprit de la programmation des Concerts du Dimanche de la Ville de Genève que nous devons la chance de pouvoir mettre en regard ces deux œuvres extraordinaires. La perspective de retrouver une salle pleine pour un tel programme, comme lors de notre proposition Machaut-Stravinsky-Gesualdo de mars 2024, fait déjà de cette rencontre inédite entre de tels répertoires un des points culminants de notre saison 25-26 !