L’ensemble Gli Angeli a éclairé les profondeurs de la polyphonie
La formation de Stephan MacLeod a cheminé avec maîtrise dans la tradition musicale liée au psaume «De Profundis». Un voyage thématique, que la formation genevoise a magnifié avec élégance et engagement, en déployant toute sa polyvalence. Car le premier enjeu placé en filigrane de l’affiche consistait à basculer en permanence dans des dispositifs scéniques, et donc vocaux, disparates, nécessitant tantôt des rangs opulents – pour la bouleversante pièce de Michel-Richard de Lalande, véritable plat de résistance de la soirée – tantôt des appareillages très ramassés – le sobrissime «De Profundis» de Nicolaus Bruhns. Partout dans ces variations et dans les soubresauts stylistiques qu’elles ont suscités, les complices de Gli Angeli ont fait preuve d’une cohérence granitique, en cheminant avec aisance dans le «Aus der Tiefen» d’Heinrich Schütz ou dans la cantate du même titre de Bach. Et en éclairant avec finesse, dans une configuration scénique circulaire, les lignes austères de deux «De Profundis» de Josquin des Près; jusqu’à rejoindre la création contemporaine, avec une toute aussi spartiate pièce d’Arvo Pärt. Sur cette flèche du temps musical, parcourue sans ordre chronologique, on a retrouvé une formation aux allures de dream team, qui sait intégrer harmonieusement entre ses rangs des figures par ailleurs solidement établies dans leurs carrières solistes.
12/11/2019, Tribune de Genève
Rocco Zaccheo